2009, la ville de Dieppe accueillait pour une année le sculpteur égyptien Ali Salem. Cette œuvre monumentale fut exposée au Grand Palais, à Paris. A Dieppe, on l’installa sur un rond-point, à l’entrée de la Grande Rue.
Ce lieu n’était pas destiné à recevoir un tel ensemble. La forme du support en imposa l’orientation. Les « Femmes de pêcheurs » ne regardent donc ni vers le large, ni même en direction du port, mais vers la ville. Le titre implique la narration. La gestuelle implique la narration. Il fallait donc aller jusqu’au bout et placer cette œuvre en un endroit plus approprié, lui donner la dimension qu’elle méritait. On en a fait au contraire un objet dont l’unique dessein était d’orner un lieu à forte fréquentation.
Corps aux formes déconstruites, arrondies, généreuses, usées, reflets doux de la lumière sur l’alliage, l’ensemble a fort belle allure. Le cou tendu vers l’avant, le regard grave et lointain, les « Femmes de Pêcheurs » attendent le retour de leurs maris, de leurs frères, de leurs pères, ces hommes rudes auxquels la vie les a liées arbitrairement. L’anxiété se lit sur leurs visages. La pêche aura-t-elle été bonne ? Reviendront-ils ?
Elles furent enlevées début juin 2010 après une année passée dans cette bonne ville de Dieppe où elles suscitèrent quelques mécontentements. Comprendra qui pourra. Elles partirent pour le Sud de la France, remplacées par une œuvre plus consensuelle, sans génie, de Jean-Marc De Pas.
Tout va bien !