C’est ainsi qu’on l’appelle ici, dans ce coin de Normandie, mais en réalité ce n’est rien d’autre que l’escargot de Bourgogne (Helix pomatia). Pas la peine de le rechercher dans les champs ou dans les jardins, hormis quelques rares endroits où il a survécu aux pesticides, anti-limaces et autres traitements chimiques utilisés à profusion par les jardiniers amateurs et par l’agriculture. Ici, pour le rencontrer, il faudra plutôt aller se promener en forêt où il a trouvé refuge.
Il y a une bonne dizaine d’années je l’ai réintroduit dans mon jardin. N’utilisant que très rarement de produits chimiques et privilégiant un couvert végétal assez dense, comportant de nombreuses plantes naturelles, j’ai pensé que ce nouvel habitat pourrait lui convenir. Ça a marché. Les escargots s’y sont en partie adaptés et reproduits. Il y a eu bien entendu des pertes, et bien qu’en petit nombre, il a, depuis, colonisé les espaces et jardins voisins.
Un escargot de forêt peut vivre assez longtemps, quinze, voire vingt ans. Il s’accouple, creuse le sol en juin ou juillet pour pondre ses œufs qui donneront de petits escargots trois ou quatre semaines plus tard. Plus fragile et moins prolifique que le petit-gris (Helix aspersa) qui lui, reste assez commun dans nos jardins, notre escargot de forêt devra encore passer par bien des épreuves avant d’atteindre la taille adulte qui le protègera des prédateurs.
Les grives font chaque année dans notre jardin un vrai carnage. La population de petit-gris chute en flèche, celle des jeunes escargots de forêt également. Les coquilles éclatées parsèment alors les allées maçonnées. Il ne faut guère de temps à une grive pour briser une coquille en la tapant sur le sol. Il y a également ce gros hérisson qui installe son nid chaque année dans un massif ou bien dans la haie. Lui aussi en prend sa part, et vu sa taille et son embonpoint, il doit trouver largement dans notre jardin ce dont il a besoin.
En fin de compte, peu de jeunes escargots de forêt atteignent la taille adulte. En vieillissant ils prendront au fil des ans une teinte blanchâtre qui désigne je pense les spécimens les plus âgés. Contrairement au petit-gris qui est actif principalement la nuit, l’escargot de forêt, ayant moins besoin de se protéger une fois adulte, se déplace et se nourrit également le jour, aussi peut-on l’observer fréquemment dans son habitat.
Les escargots de forêt se nourrissent de plantes, mais aussi de déchets et débris de végétaux. A plusieurs reprises il m’est arrivé d’en retrouver rassemblés, festoyant de débris de tontes pourrissant au pied des haies.
Quand il commence à faire trop froid les escargots s’enterrent ou se mettent à l’abri au pied d’une plante. Ils secrètent un mucus qui en séchant durcira et obturera leur coquille, les protègera de la déshydratation. C’est ce que l’on nomme l’épiphragme. Sur la dernière photographie faite ce mois-ci, lorsque, à moitié enterrés sur le dos, les escargots sont encore endormis, on voit sans difficulté cet épiphragme de couleur blanche.